I. Petite histoire de la poésie.
- La poésie latine :- la musicalité de la poésie latine vient d’un système de syllabes longues ou brèves.
- La poésie médiévale :- est la poésie des troubadours ; ces derniers accompagnent leur poésie d’instruments de musique. On retiendra deux formes poétiques de cette époque : la ballade (2 ou 3 strophes de même structure avec un refrain à la fin de chaque strophes et un envoi) et le rondeau (ouverture / fermeture sur deux vers et refrain, avec reprise dans les strophes) : ces deux formes ont une dimension musicale par le refrain. Cette poésie est le lieu d’expression des sentiments, et d’une réflexion sur l’existence.
- La Renaissance- (16ème siècle) : La Pléiade est un groupe d’auteurs dont les plus célèbres sont Ronsard et du Bellay qui écrit la Défense et illustration de la langue française.- Pour ces auteurs, la poésie n’est pas un simple jeu formel, mais doit permettre un enrichissement de la langue et une communication entre les individus. Les deux formes mises à l’honneur sont l’ode et le sonnet (de l’italien « sonneto », petit son, le sonnet était accompagné de musique ; il se compose de 14 vers réunis en 2 quatrains et 2 tercets ou 2 quatrains et un sizain, selon le schéma de rimes ABBA ABBA CC DEED / CC DEDE.) A cette époque, la poésie est liée à la « fureur », c’est-à-dire à une inspiration divine du poète, mais aussi à des questions politiques lors des guerres de religion.
- Le 17ème siècle :- a repensé la poésie en l’associant à l’usage du vers et de la rime. La codification des formes fixes, des césures est explicitée.
- Le 18ème siècle :- la prose de certains auteurs majeurs de la langue française (Rousseau, Chateaubriand) retrouvent certains traits de la poésie ; on parle de prose poétique : il ne s’agit pas de poèmes puisque ces passages sont inclus dans une œuvre (un récit de voyage, des souvenirs d’une vie) mais l’attention portée aux rythmes et aux échos sonores rapprochent prose et poésie.
- >> Le 17ème et le 18ème siècle ont donné une fonction sociale à la poésie :- l’écriture poétique peut devenir un jeu dans les salons, qui exprime avec frivolité et légèreté le rapport au monde. La fable permet de dénoncer les travers humains et permet d’instruire tout en divertissant pour La Fontaine. Enfin, les philosophes du 18ème en ont fait un moyen de communication des idées qu’ils défendent.
- Le 19ème siècle- : constitue un moment charnière dans la modernité poétique. Les Romantiques libèrent peu à peu le vers par des enjambements de plus en plus audacieux et des coupes nouvelles : le cas le plus marquant est l’usage du trimètre pratiqué par Victor Hugo, qui coupe l’alexandrin en 4 / 4 / 4 au lieu de la césure 6 // 6 recommandée jusqu’alors. Arthur Rimbaud et Baudelaire, dans la seconde moitié du 19ème siècle, s’inspirant du romantique Aloysus Bertrand développent le poème en prose : la brièveté, la condensation des sens des mots et des images, les échos entre les sons et une attention portée au rythme créent un tout en prose. Les poètes sont attentifs à traduire les sentiments humains : l’amour, mais aussi la solitude, le désespoir, la souffrance, l’angoisse, la modernité (la ville, les transports). Pour Victor Hugo la poésie a également un rôle politique, c’est la conscience de la société. La modernité du 19ème siècle conduit les poètes comme Baudelaire ou Verlaine à se sentir partagé entre la recherche de l’idéal et l’ennui, la laideur. C’est la génération des poètes maudits. La fin du 19ème siècle sera marquée par les tentatives des symbolistes pour explorer les correspondances du monde : des symboles d’un monde fait de beauté doivent être interprétés dans notre monde.
- Le 20ème siècle - : poursuit cette entreprise de libération poétique : le vers libre se détache de la contrainte des coupes et des rimes, jusqu’à disloquer parfois le sens du poème et la langue dans laquelle il s’écrit (on peut penser aux cadavres exquis des Surréalistes). L’expérience de la Seconde Guerre Monde conduit de nombreux poète à mettre leur art au service de la Résistance ; Eluard, Aragon, René Char, Desnos. Enfin, la culture populaire devient une source d’inspiration pour les poètes qui s’intéressent aux déshérités, empruntent à la chanson et parfois, au langage argotique.
II. Les outils poétiques ; lexique de l’analyse.
>> La poésie est une mise en page et une mise en forme de la parole et de la phrase sur la page. Le rythme doit être analysé ; ces éléments permettent de faire ressentir des émotions au lecteur, accentuent le sens de ce que le poète dit et
Rappel des règles de versifications et des outils à mobiliser impérativement pour l’analyse du sens.
III. Le langage poétique.
>> Le langage poétique ne repose pas sur des thèmes mais sur la manière dont ces thèmes sont présentés au lecteur. Cela passe par les figures de style qui permettent de saisir des images du monde ou de donner à voir un autre aspect de la réalité, ou encore de mettre en évidence la parole du poète.
- La place du poète dans le poème.
Se poser la question : où se place-t-il ? Que voit-il ? Que dit-il ? A quelle époque écrit-il ? Est-il présent dans son poème ? A qui s’adresse-t-il ? Que cherche-t-il à transmettre ?(une émotion ? un message ? une réflexion sur son travail de poète ? une sensation ?).
S’interroger sur les sens des mots employés par le poète ; la polysémie (le fait qu’un mot veuille dire plusieurs choses) est souvent employé en poésie.
Les mots du poème peuvent ouvrir sur un autre sens, être un symbole ou une métaphore : ex : une plume peut être une métaphore de l’écriture.
- Les images poétiques.
La poésie est issue d’un travail sur le langage qui se fonde sur les figures de style. Il convient de les repérer pour se poser la question « quel effet produisent-elles ? ». Les oppositions, les métaphores, permettent de construire l’architecture du poème et de son sens. En voici quelques unes pour mémoire.
Outils |
Définition / règle |
La règle du « e » muet
|
Le « e » final n’est prononcé que lorsque le mot qui suit commence par une consonne dans la poésie classique ou les alexandrins. Une tolérance dans les poèmes en prose et la poésie contemporaine. |
Les rimes |
Croisées : ABAB Embrassées : ABBA Suivies : AA BB Alternance de rimes masculines : sans [e] (plus dure) et féminines : avec [e] muet (plus douce) dans la poésie classique. La modernité remplace cette contrainte par l’alternance de rimes vocaliques et consonantiques. Rime pauvre: reprise de la même voyelle (battu / perdu) Rime suffisante : reprise d'un groupe constitué d'une voyelle et d'une consone (final / bancale). Rime riche : reprise d'au moins trois phonèmes (porte / morte ; cheval / rival) |
L’enjambement |
La phrase déborde le vers et le lecteur doit poursuivre sur le vers suivant pour obtenir la totalité du sens. |
Le rejet |
Un élément bref (quelques syllabes suivies d’une coupe marquée – exemple : une virgule, deux points) lié au vers précédent rejeté au début du vers suivant pour souligner ce qui est dit et créer un effet de surprise. |
Le contre-rejet |
A l’inverse du rejet, le contre-rejet place en fin de vers un élément bref qui demande au lecteur de prolonger sa lecture sur le vers suivant. |
La coupe |
Les signes de ponctuation (virgule, point d’exclamation) entre autres, permettent au poète de placer de petites pauses dans le vers. Met en évidence le terme sous elle. |
La césure |
C’est la coupe principale du vers. Elle le sépare en deux hémistiches (moitiés de vers). Elle est fixe et oblige à une insistance, surtout dans la poésie classique. En fonction du vers, il faut retenir la place de la césure : alexandrin (6//6), décasyllabe (6//4) ou (4//6). Le 19ème siècle prend des libertés avec le règles qui encadrent la césure : Hugo déplace (PARFOIS !) la césure dans l’alexandrin au profit d’un rythme 4 / 4 / 4 : le trimètre. |
Les mètres |
C’est sous ce terme que l’on désigne les vers en fonction du nombre de syllabes ; 6 syllabes : hexasyllabe ; 7 syllabes : heptasyllabes ; 8 syllabes : octosyllabe ; 10 syllabes : décasyllabes ; 12 syllabes : alexandrin. Les vers de moins de 5 syllabes produisent un effet de rapidité, de légèreté. Il faut se demander quelle impression produit le rythme du vers et observer les coupes. |
Le vers |
Une disposition des éléments verbaux (mise en page : encadrement de blancs, importance des sons. - Le vers régulier est celui est régi par la césure, le décompte de syllabes, les rimes. - Le vers libre :absence de structure de mètre, de rimes, disposition de vers entourés de blanc. - Le vers blanc :présence d’un groupe correspondant aux principaux vers dans un poème en prose. |
Les strophes |
Ensemble de vers groupés entre eux et séparés du reste du poème par un blanc typographique. Les strophes tirent leur nom du nombre de vers qu’elles regroupent : 2 : distique, 3 : tercet, 4 : quatrain, 5 : quintil, 6 : sizain,10 : dizain. |
Les formes fixes |
Ce sont des poèmes qui respectent une forme imposée et codifiée (nombre de vers, rimes, mètres, etc.) |
La typographie et mise en page |
Usage du blanc autour des mots (mise en valeur), caractères gras, italiques, disposition des mots sur la feuille. |
Les assonances |
Répétition d’une voyelle. |
Les allitérations |
Répétition d’une consonne. |
Métaphore |
Rapprochement de deux réalités sans outil de comparaison. |
Comparaison |
Rapprochement de deux réalités par un outil de comparaison. |
Anaphore |
Répétition, en tête de phrase ou de vers d’un même mot ou d’une même expression. |
Antithèse |
Rapprochement de termes renvoyant à des idées contraire. |
Chiasme |
Des termes proches ou renvoyant à la même réalité sont organisés selon la structure ABBA |
Hyperbole |
Exagération. |
Oxymore |
Alliance de termes contraires (ex : noir soleil). |