J'ai...
La grandiloquence des poètes disparus
Sur les hautes mers blanches des proses mallaméennes
Et de beaux soliloques
Qui agitent mon âme poétique et si faible
Qu'elle danse comme une flamme...
J'ai
La rime facile, et la satire aigre, un goût pour La Bruyère
que ne démentent enfin
Ni le temps ni l'espace
Ni les moeurs ridicules
des époques changeantes.
J'ai
Mille traditions
Quand je fais des vers libres
Mille chansons douces qui me viennent en mémoire.
J'ai
L'Amour du vivant, de la froide beauté,
Des sobres créations...
J'ai
La peur du tarissement, comme tous les poètes, d'ici ou bien d'ailleurs
Car les vers dans ma tête
Me rongent la pensée...
J'ai
une âme métaphysique
une prudence folle
et le désir de vivre
en une foi totale.
J'ai
mal au malheur
Et quelques emmerdeurs
Souvent lassent mes jours
Ensoleillés.
Je suis
et ma joie et mon mal
Et, me tournant vers l'art, fuis le monde bancal
du vers solitaire, pour la grande beauté
des quatre alexandrins, au rythme inaugural
De la voix trépassée, fouillant l'humanité.
Pascaline Hamon