Chers amis, et lecteurs. Je suis en train de mettre la dernière main à un recueil de poèmes sur le métier depuis plusieurs années. Il comportera également des vignettes à l'encre de chine réalisées par moi-même.
Ce recueil paraîtra en auto-édiition, sous un label indépendant que j'ai créé sur la plate-forme de publication en auto-édition d'Amazon ; l'heureux événement est prévu pour juillet. Vous serez informé par un article de la parution. En attendant, comme cela fait longtemps que j'ai posté de la peinture et de la photo, je vous offre aujourd'hui quatre petits extraits en avant-première... en espérant que cela vous donnera envie de lire le reste...
Limbes liminaires.
Quod scripsi, scripsi.
Des photos
(Noir et blanc -
Sépia)
Je sais, je connais tout cela...
Pourtant, je refuse, ici,
De livrer autre chose
Qu’une pure photographie
(Des images : émotion).
Ici, il faut agir sans retouches ;
Consigner,
Tout, (et
Vivre de la seule présence
Des absents en soi).
C’est un fait établi -
Je refuse de manger de ce pain-là
(En dire plus que je n’en sais).
J’ai refusé de lire tes lettres,
Puisque tu voulais qu’on les brûle
Je ne les ai pas lues, et je le refuse.
Je refuse de créer autre chose,
De m’échapper du poème
Pour romancer les vies.
Je refuse les témoignages sur la guerre.
Je refuse de parler de ce que je n’ai pas connu.
La facticité ici, n’est pas de mise,
Et je n’ai ni le loisir ni le goût
De fouiller et d’inventer
De banales réalités.
Je n’ai même pas la curiosité de dévoiler
Les secrets de famille (etc. etc.)
Tout cela pour moi ne compte pas.
La seule chose dont je parle est celle que je connais
La seule chose que j’écris, est celle que j’emporterai.
Et si, pour moi aussi, un jour,
Les autres se questionnent,
Qu’ils ne se tracassent pas et en fasse de même.
Ce qui doit leur échapper, échappera.
Qu’ils refusent les masques,
Et parlent de ce qu’ils savent
Et non de ce qu’ils croient que j’aurais pu penser.
Et afin que tout soit encore plus clair,
Je dis dès à présent, par la même occasion :
Je n’aurais alors plus le goût du luxe,
Mais il y a une chose que j’aimerai alors
Par-dessus tout : c’est le Requiem de Fauré.
Courir les rues.
Désormais, désœuvrée ailleurs,
Ici, je cours les rues :
Tout apparait d’un jour nouveau
(Place de la Grande Inconnue)
Il faut aujourd’hui
Apprendre
A reconnaitre les rues
Et à parler de lieux,
Là-bas, dans la montagne,
Dont on a oublié
Le nom...
Il faut trouver,
- En reprenant le chemin,
Avec le même cabas -
Le village, le marché
Et la foule
(Finalement trop nombreuse).
Et toi,
Toi te plaignais souvent
De ne plus connaitre les gens
Ou de ne rencontrer personne,
Sais-tu ?
A mon retour,
A mon tour,
Plus personne
Ne sait qui je suis...
Il est fini ce temps,
Où nous marchions ensemble dans les rues
Et les chemins...
Le maillon qui me liait à tous ceux d’ici
Est brisé...
Je peux passer trois heures, dans la rue,
Devant l’église, près de la fontaine,
Sans que personne ne me demande
Rien.
Navire, qui chavire...
Navire, dis-moi
Sur la si haute mer
Qui chavire à ton bord ?
Devant la proue de bois
Qui noire, souvent ne broie
Ni les flots de tristesse
Ni les amers tourments
Ni les si pâles lunes
Qui toutes, déchirent mon âme...
Navire, qui chavire,
Dis-moi ?
D'où viens-tu mon navire
Mon radeau délaissé ?
De Méduse ou d'ailleurs ?
De l’Argos immuable ?
Toujours changeant, ô toi,
Sur les flots toujours mouvants,
Quelle poupe ou gouvernail
Saisir et bien conduire ?
A quel divin rivage,
Me conduis-tu, Navire,
A travers la tempête ?
Flamme du souvenir
La porte de la maison vide, à nouveau,
Aujourd’hui
S’ouvre.
Il y fait froid, tout est éteint…
Il faudrait bien
Ranimer ici, à présent,
La flamme des souvenirs.
La fumée pique et envahit
La pièce.
Ouvrir une fenêtre :
Courant d’air.
Ici, les souvenirs s’invitent,
Et les yeux commencent à piquer…
Et puis, après l’avoir veillé
De longues minutes
Le voir se lever
Et danser à nouveau,
Jaune,
Le feu.
Pascaline Hamon, S'en taire ?, 2016, à paraître prochainement (extraits inédits)