Je ne peux pas passer sous silence Kiki de Montparnasse que j'ai (enfin) trouvé le temps. Les 400 pages de ce roman graphique sont consacrées à Alice Prin, alias Kiki, qui fut le modèle de bien des peintres et artistes célèbres de l'entre deux guerre (Foujita, Man Ray, entre autres). Sa liberté de ton, sa liberté sexuelle, ses relations avec les poètes surréalistes font de la petite paysanne qu'elle était une célébrité parisienne. Mais cette vie d'excès a un prix, et Kiki finit ses jours consumée par la drogue. Pour qui aime cette période historique et les artistes qui s'y rattachent, ce joli volume est indéniablement un incontournable à avoir dans sa bibliothèque. Pour ma part, après avoir passé quelques heures à La Grande Chaumière pour dessiner (mais maintenant on ne peut plus avec le confinement...) j'ai été touchée de redécouvrir ces lieux. La trame biographique est bien documentée et un dossier vient compléter l'ouvrage avec des notices biographiques très intéressantes : le puzzle de la vie artistique des années folles se recompose sous nos yeux.Je dois cependant mettre plusieurs bémols... D'une part, je suis assez adepte du noir et blanc, mais je trouve l'ensemble un peu dense au niveau des bulles. Le récit m'a semblé contenir des longueurs. Le chapitrage est plutôt bien pensé pourtant. Un autre aspect a fait que j'ai été obligée de marquer une pause dans la lecture : à savoir le caractère répétitif des vignettes : Kiki se déshabille, pose, baise (pardonnez-moi, c'est le terme employé)... Kiki baise, pose, se rhabille. La question n'est pas morale - c'est la vie de Kiki ; c'est juste que la composition du récit finit par perdre un peu d'intérêt et honnêtement, ça m'a un peu lassée. Autre regret pour moi, les débats artistiques qui sont un peu jetés là, en vrac, par le petit bout de la lorgnette : les lecteurs ne connaissant rien à la période seront rapidement lassés par la cascade de noms, qui arrivent là. Pour ma part, j'espérais que ce regard de modèle allait me permettre d'appréhender, par exemple, le rapport de ses grands peintres à la pose, et là, je suis restée sur ma faim. Bref un ouvrage qui a les défauts de ses qualités. À lire. #chroniquebd
- Pascaline Hamon
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