LE THÉÂTRE DE JEAN GENET

Table des Matières :

  1. Généralités biographiques en rapport avec l'écriture.
  2. Esthétique.
  3. Idées mises à l'œuvre dans ses pièces.

1 Généralités biographiques en rapport avec l'écriture.

Orphelin, connaît les bagnes d'enfants... Foi fervente au début de sa vie.
Une vie d'errance à travers l'Europe. Homosexualité qui est un thème de ses œuvres mais pas de militantisme ; d'ailleurs il est soupçonné par les homosexuels.

Écriture de l'enferment (Jean Genet à écrit en deux vagues successives, en prison et relate ses errance de « voyou » comme il se plaît à se définir.)
Expérience personnelle de l'univers carcéral, d'un huis clos en quelque sorte, que l'on retrouve dans son théâtre et ses romans (Notre Dame des Fleurs, ...) qui s'accompagne :

  1. d'une réflexion sur l'œuvre du forçat Dostoïevski qui inspire sa prose.
  2. De la découverte de Proust et des possibilités offertes par le roman devant l'exploration de l'âme.

Relations ambiguës avec Sartre ; surtout après la rédaction de la critique de son œuvre par le philosophie, qui tarit l'inspiration d'un auteur qui lutte ensuite intellectuellement avec lui.

Attention : certes, les pièces de Genet présentent un discours oblique sur la politique ; mais il n'y a pas d'engagement stricto sensu chez lui : il veut rester la « mauvaise conscience » de son temps.

Le processus d'engagement/ écriture sont dissociés et renversés chronologiquement chez Genet.

2 Esthétique et poétique.

Langue rhétorique, préciosité de la prose et figure emploi des subjonctifs, structure erratique, raccourcis audacieux... style elliptique qui nécessite la participation active des lecteurs.
Grammaire et langue classique ; la somptuosité de la langue doit atténuer la souffrance.

Ses œuvres sont une allégorie du désir qui témoignent surtout de sa solitude.

Baroque ! Indéniablement... Son œuvre apparaît comme un culmen lyrique.
Mais ses pièces sont aussi des tragédies : quêtes d'identité qui mènent au meurtre les personnages.
Structure scénique éclatée des paravents.

3 Idées mises à l'œuvre dans ses pièces.

Arnaud Malgorn : « des poèmes pour la scène » alors que son œuvre théâtrale atteint l'universalité. Développement du cycle de la mort et non simplement de la séduction.
Théâtral est avant tout, pour Genet, un carnaval.

La haine de soi est une constante de ses personnages.

Les Nègres et Les Paravents sont un diptyque sur la colonisation et pose le problème du rapport de l'image au niveau politique. Il spatialise la quête grâce à l'esthétique de la discontinuité permise par les paravents.
Après Les paravents, il cesse d'écrire pour le théâtre et s'engage auprès des Black Panthers et des Palestiniens.

  • Les Bonnes : le pouvoir et l'aliénation. Psychologie subtile des personnages, laisse une riche possibilité de mise en scène.
  • Le Balcon : l'aliénation du pouvoir. Écrit simultanément avec les Nègres, Les Paravents.

Réflexion stimulée par Sartre. Il a lu histoire et philosophie et désormais, la politique est l'autre objet, « oblique », du théâtre. Le premier objectif reste de démonter la machinerie du théâtre occidental.
Dans le bordel 3 figures d'une Nomenklatura :

  1. La Religion.
  2. La Justice. Figures érotiques pour les clients Évêque, Juge, général.
  3. L'Armée.

Minés par les vanités ils sont peu à peu remplacés par 3 nouvelles figures : L'Argent, la Police et les Médias.
Dénonce la vanité des images du pouvoir et l'inanité du pouvoir de l'image. Mais il ne s'agit pas d'une pièce engagée ; les révolutionnaires même sont suspectés de vouloir se donner en spectacle.
1960 : pas encore d'engagement, il se définit comme n'étant pas « un homme d'adhésion mais de révolte. » Exister en s'opposant, nécessite, égoïstement, l'existence de l'injustice.
Préface de la pièce : il dénonce l'art révolutionnaire. Politique et art sont inconciliables pour lui. Et « plus une œuvre est proche de la perfection, plus elle se renferme sur elle-même. Pis que ça, elle suscite la nostalgie. »

  • Les Nègres : Théâtre et illusion. Les Nègres de la pièce incarnent toutes les victimes du racisme et de l'oppression. Pour autant, il n'y a pas d'exaltation d'une conscience collective, la pièce est écrite pour établir une sorte de malaise dans la salle chez les spectateurs blancs.
    Mais à la différence de la pièce de Césaire, Genet ne permet pas de se rattacher à une figure positive : l'amour entre les personnages est impossible comme entre toutes les personnes qui se méprisent elles-mêmes.
    Les personnages s'expriment dans une langue admirable... Genet fait entrer les malheureux et les opprimés dans les Belles-Lettres car ils ont besoin de littérature : de dignité et d'espérance.
  • Les Paravents. Genet attend Blin, privé de scène pour sa position par rapport à la politique algérienne. L'anti-soulier de Satin : Genet veut faire croire à la possibilité d'un amour entre les deux personnages.
    1966 présenté dans un théâtre subventionné par l'Etat ; provoque des manifestations de l'Extrême droite.
    Lettre de Blin : « L'écriture est totalement poétique, mais on ne peut pas jouer cette poésie là dans un style poétique. Les textes de Genet sont totalement dépourvus de sensiblerie et s'ils sont extrêmement émouvants, je crois que l'émotion passe à travers beaucoup d'agressivité et une très grande dureté. Genet m'avait écrit : 'Mon but est de déchirer le spectateur, pas de l'apaiser, mais de le déchirer pour lui permettre d'entendre une musique très douce.' »
    L'Algérie : pas citée explicitement la couleur locale renvoie aux débuts de la colonisation, dont le pouvoir est une parodie de pouvoir. Le sens ultime de la vie pour le colon et le général sont des satisfactions dérisoires et éphémères. Mais les combattants arabes ne sont pas représentés glorieusement et le symbole de l'insurrection est le meurtre d'une première communiante.

Malraux défend la pièce et répond « Le texte donne, dit-on le sentiment qu'on est en face d'une pièce anti-française. Or quiconque a lu cette pièce sait bien qu'elle n'est pas antifrançaise. Elle est antihumaine. Elle est antitout. »

La famille des Orties est le contre-point des puissants et des colonisateurs au fur et à mesure que la Révolution progresse. Sa saleté et son égoïsme sont irréductible à tout ordre et en Saïd, on peut voir l'itinéraire de Genet... Paria, saint, révolutionnaire, voleur...

Mise à l'épreuve des conventions théâtrales : décors stylisés sur les paravent, nombre impressionnant d'acteurs, dialogues simultanés avec la présence des morts. Des indications contradictoires sur la mise en scène.
Maria Casarès met bien en valeur l'artificialité de la scène.
Peu de reprises, mais des arrières-fonds nouveaux.

Sur les costumes Genet à Blin : « ne revêtiront pas le comédiens, les costumes sont un moyen de parade, selon tous les sens. Ils devront avoir une beauté (...) pas de ville mais nécessaire, comme le maquillage et la voix déplacée, pour que les acteurs puissent se jeter dans l'aventure et triompher d'elle. »

Réussite de la scène : un happening démesuré et préparé

Il choque par une nouvelle représentation de la mort, non héroïque mais tragique... encore que... notre auteur tend à la dédramatiser. Il rend sensible des idées abstraites. Sa dialectique d'une rigueur carnavalesque imparable, valorise la vie, souffrance et injustice. Victoire de la vie de cette famille est de vivre la mort comme une assomption sereine.

Présentation

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Sauf mention contraire, les œuvres présentées sont de ma réalisation.

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