Personne...
Là, ce jour de printemps malgré la chaleur et la lumière du soleil, personne...
La pièce était calme, mais d'un calme vide... La béance de la vacuité était venue s'imposer là, comme prise d'une inspiration subite...
Elle regarda partout, dans toutes les pièces... RIEN...
Elle appela... Personne ne répondait à ces fins frémissements et à ses pauvres gémissements désespérés...
La fenêtre était grande ouverte sur la rue animée et belle, belle sous cette radieuse lumière du soleil de printemps...
Elle ne se souvint plus de rien, de la veille, des semaines passées... L'Absence était là...
Elle hésitait ; que faire ? dehors, la vie bougeait, tout se découvrait, riait et respirait un parfum de bonheur et pourtant, dans ce bonheur, si les hommes avaient pu le sentir, si leur sensibilité était suffisamment exacerbée, s'ils avaient été des artistes, enfin, ils auraient compris à quel point il était ce jour-là chargé d'un poison mortifère...
Elle se dit que l'habitude avait du bon et entreprit donc de faire comme si de rien était, comme si tout allait rentrer dans l'ordre... Elle se dit que ce jour-là, elle aurait sans doute fait ci ou ça n'était l'absence. Elle regarda par la fenêtre... tout se dillapidait en grandes pompes, tandis qu'elle demeurait, pâle, nervuese et repliée...
Les autres sillonnaient la terre, les rues ; elle, elle demeurait toujours au même lieu, habitée des mêmes pensées, sombres et profondes. Elle restait seule, car c'était sa destinée : demeurer là, en un lieu fixe, dans cet appartemement, à attendre, attendre encore...
Le coeur déchiré entre la peine et la haine, et la peine de la haine, car cela est plus que tout...
Elle ouvrit la porte
et
MARCHA
Tout le long des lignes du trottoir,
d'un bout à l'autre de la ville...
elle la traversa
Elle la traversa, debout sur un fil...
Et, arrivée au bout de la ville
elle chanta...