Evidemment, je ne puis me souvenir de tous les détails de la vie littéraire... surtout quand ils ont eu lieu avant ma naissance et une forme de premier état de conscience sur le monde...
Lisant actuellement une copieuse et merveilleuse biographie de Jean-Louis Bory sur Eugène Sue, je me laisse prendre au fil de l'écriture... c'est parfaitement écrit, bien tenu, bien mené... On suit les péripéties de la vie de cet auteur comme d'un héros de ses romans...
Je suis enthousiaste ( et pourtant, je ne me laisse pas facilement enthousiasmer)...
Je veux lui témoigner mon admiration, ma sympathie, je ne sais pas quoi au juste, ni pourquoi... Parce que Jean-Louis Bory, je vous avoue que je ne le connaissais pas, je ne l'avais jamais lu jusqu'alors...
Je m'empresse donc, naïvement, de taper son nom dans google pour lui écrire... Lui dire quoi ? Je n'en sait rien... il s moque bien de ma petite opinion d'étudiante en Littérature le grand Jean-Louis Bory... Pourtant, il est si drôle, il a tellement d'humour... !
Et là, catastrophe... Sous mes yeux médusés la première chose que je vois, c'est cette ligne renvoyant à wikipédia :
"Jean-Louis Bory, né le 25 juin 1919 à Méréville (Essonne, à l'époque Seine-et-Oise) et mort pendant la nuit du 11 au 12 juin 1979 dans le ..."
Je clique dessus (moi qui déteste Wikipédia)... et là je lis, hagard...
"Il se suicide par arme à feu à Méréville durant la nuit du 11 au 12 Juin 1979"
Ainsi donc, il est mort, ce critique qui me fascine... Et par suicide... Immédiatement se superposent dans mon coeur ces deux impressions : son humour dans cette biographie et son suicide...
J'ai de la douleur au cœur, vivement et sincèrement...
Jean-Louis Bory est mort en 79.
Près de 10 ans avant ma naissance.
J'aurais tellement aimé le rencontrer et lui dire à quel point son livre est merveilleux...
Je reprends son livre et continue ma lecture, le cœur lourd, coupée dans mon élan enthousiaste.
J'ai l'impression d'avoir trouvé et perdu un ami dans la même seconde ; à l'instant même où je le découvre, le voici qui s'efface, qui meurt à nouveau sous les yeux de mon esprit...
Je ne pourrais jamais dire à Jean-Louis Bory l'admiration que j'ai pour son livre.
Ce petit billet n'est là que pour lui témoigner de ce que je n'aurais pas l'occasion de lui dire mais que je pense tout de même.
Souhaitons que ce discret petit hommage donne à quelques lecteurs, attardés sur ces lignes, l'envie de le (re)découvrir.