j'avance sur l'heure a laquelle je poste habituellement... Mais c'est normal. Comment retenir ma hâte de vous parler de celle qui est mon poète (elle n'aimait pas le mot poétesse) préféré ? Ce n'est pas dans la littérature française qu'elle se trouve... Mais dans la littérature russe, celle qui palpite d'une âme éternelle. Anna Akhmatova. J'ai découvert son œuvre l'année de l'agrégation. Ce fut un choc, un coup... et en la lisant, j'ai du réécrire des pages que j'avais écrites. Oui, ce jour là j'ai éprouvé pour la première fois le désir du texte d'un autre. Akhmatova, tu es la seule auteur que je 'jalouse' et aime dans le même temps... il n'y a pas de note pour décrire cet état, que je n'éprouve qu'avec ta seule œuvre...j'entends encore le professeur nous lire les poèmes dans la langue originale, cette langue que j'entendais parfois quand mon père, que fascinait la Russie et qui avait appris le russe dans son adolescence s'amusait a nous parler dans cette langue. La musique de cette langue et des vers d'Akhmatova est demeurée dans mon esprit. Il m'arrive, depuis, quand j'écris, d'entendre ce souffle, cette cadence mystique et désespéree a mon tour. Lyrique. Excessivement ? Peu importe. Pour l'œuvre d'Akhmatova, pour la sincérité de son amour pour la Russie, pour la tragédie de ses proches condamnés par le régime Stalinien, pour la vibration métaphysique de son œuvre, oui, je donnerais tout Hugo, tout Baudelaire et tout Ronsard.
- Pascaline Hamon
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